Déstigmatisation
L'une des missions phares d'UTSOPI est de lutter contre la stigmatisation des travailleur·euses du sexe. Les TDS restent l'une des populations les plus stigmatisées de la société. Nous collaborons avec des journalistes, des cinéastes et des écrivain·es pour faire prévaloir des histoires réalistes et non sensationnalistes. Nous organisons des événements au cours desquels les TDS présentent leur réalité au monde extérieur.
Qu'est-ce que la stigmatisation ?
On parle de stigmatisation lorsqu’une personne (ou un groupe de personnes) est ostracisée, considérée comme inférieure, exclue socialement ou discréditée sur la base de préjugés. Les TDS sont l'une des populations les plus stigmatisées de notre société, en raison du jugement social et moral porté sur leur activité.
L'image des TDS véhiculée par les médias est souvent imprégnée de stéréotypes. En même temps, ces stéréotypes sont largement perpétués par les médias, la littérature, le cinéma etc…. Qu'il s'agisse de reportages ou de fiction, l'imaginaire social de la TDS est celui d'une victime à secourir, d'une personne extrêmement riche, belle et prospère, d'une personne dangereuse ou d'une personne malhonnête, perfide ou vicieuse sans foi ni loi.
Les conséquences de la stigmatisation
Les conséquences de la stigmatisation ne peuvent être sous-estimées : elles mettent en danger les santés mentale et physique des TDS. Il suffit de penser au stress associé à une double vie, à toute l'énergie qu'il faut déployer pour garder secret le fait qu'on est TDS, à l'isolement social, à la solitude et à l'état d'alerte permanent.
La stigmatisation fait également que les TDS hésitent souvent à demander de l'aide à la police en cas de violence ou de vol. De nombreux·euses TDS réfléchissent à deux fois avant de se rendre chez un·e médecin ou à l'hôpital, non seulement après une violence ou un viol, mais aussi simplement lorsqu'iels sont malades. De nombreux·euses TDS ne font jamais la démarche de consulter un·e psychologue. Pour beaucoup, la crainte d’avouer qu'iels sont des TDS et la peur du jugement d’autrui leur interdit toute demande d’aide. Et, malheureusement, à raison, la réaction de la police, du·de la médecin ou du·de la psychologue étant souvent très négative.
Comment lutter contre la stigmatisation?
Décriminalisation et modifications de la loi
La déstigmatisation va de pair avec la décriminalisation. Tant que le travail du sexe est relégué dans la sphère criminelle par la législation, les préjugés persisteront. La Belgique a franchi une étape importante dans ce domaine avec la décriminalisation du travail du sexe en 2022.
Toutefois, changer la loi n'aura qu'un effet limité tant que les stéréotypes et la honte subsisteront. Nous devons changer l'image sociale des TDS, combattre les récits sensationnalistes dominants et œuvrer à un changement culturel profond.
Collaborations avec médias et chercheur·euses
C'est pourquoi nous travaillons avec des journalistes, des metteur·euses-en-scène et des écrivain·es pour faire prévaloir des récits réalistes et non sensationnalistes. Nous élaborons actuellement un guide à l'intention des journalistes, qui contient des conseils sur la manière d'aborder le travail du sexe sans le stigmatiser.
Formations
Auprès des services de soutien, de protection ou de soins, nous constatons souvent que les préjugés font obstacle à une assistance efficace et rapide aux TDS. C'est pourquoi UTSOPI donne des formations dans ses locaux à la police locale, aux gardien·nes de la paix et au CPAS. Dans une prochaine phase, nous prévoyons d'ouvrir nos portes aux services et professionel·les médicaux·ales.
Événements et actions publiques
En même temps, nous voulons mettre en évidence l'énorme diversité qui existe dans le monde du travail du sexe. Il s'agit d'une diversité de milieux, d'origines, d'âges, de raisons pour lesquelles le travail du sexe est pratiqué et de manières dont il est exercé. Nous le faisons en organisant des événements, des expositions, en étant partenaires de festivals tels que le SNAP ! - Sex Workers Narratives Arts & Politics, où seul·es des TDS parlent du travail du sexe. Des actions publiques, telles que des manifestations ou la célébration de journées importantes pour notre mouvement, permettent également au monde extérieur de nous appréhender de façon plus humaine. Pas comme des victimes, des femmes déchues ou des individus déviants.